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martes, 3 de junio de 2008

Les réformes cosmétiques du Lider Minimo

Les réformes cosmétiques du Lider Minimo

  • Les réformes cosmétiques
    du Lider Minimo

    Adrien Jaulmes
    03/06/2008 | Mise à jour : 00:18 |
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    Raul Castro, le jeune frère de Fidel, s'est entouré de ministres appartenant toujours à la génération des combattants de la guérilla de la Sierra Maestra, des vieux révolutionnaires qui n'ont pas montré jusqu'à présent leur intention de lâcher la moindre parcelle de pouvoir.
    Raul Castro, le jeune frère de Fidel, s'est entouré de ministres appartenant toujours à la génération des combattants de la guérilla de la Sierra Maestra, des vieux révolutionnaires qui n'ont pas montré jusqu'à présent leur intention de lâcher la moindre parcelle de pouvoir. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

    Raul Castro, qui fête aujourd'hui ses 77 ans, achève en même temps sans éclat ses cent premiers jours à la tête de Cuba.

    Il faut grimper l'immense escalier du Capitolio, cette réplique du Capitole de Washington au centre de La Havane, aujourd'hui transformée en musée presque vide, traverser de vastes couloirs, et pousser une lourde porte. Là, dans une petite salle, une douzaine de vieux ordinateurs sont alignés sous la garde d'une employée qui note avec soin l'identité des clients. C'est l'un des deux cybercafés d'État de la capitale cubaine. Parmi les mesures prises par Raul Castro depuis qu'il a succédé officiellement en février 2008 à son frère diminué par la maladie, la plus symbolique a été d'autoriser les Cubains à accéder à Internet. Certains sites sont évidemment bloqués, comme ceux des opposants au régime castriste de Miami, mais de toute façon le nom de l'utilisateur a été dûment enregistré.

    La principale limite à cet accès, outre la faible vitesse de connexion, est le prix. Une demi-heure d'accès à Internet coûte 3 «pesos convertibles», soit environ 2 euros. Cette somme raisonnable est cependant considérable dans un pays où le salaire moyen est d'environ 150 pesos par mois, versés bien sûr dans la seconde monnaie du pays, devise non convertible qui vaut à peine 6 centimes d'euro.

    Ainsi en va-t-il des autres décisions du nouveau président cubain : l'achat de lecteurs de DVD, d'ordinateurs ou de scooters a aussi été légalisé, et les Cubains ont été autorisés à accéder aux hôtels, jusqu'à présent réservés aux touristes étrangers. Mais malgré leur importance symbolique, ces mesures restent largement virtuelles, car peu de gens ont les moyens de se payer ces produits de luxe dans un pays où chaque famille possède encore un carnet de rationnement.

    Des prisonniers ont aussi été élargis, des lopins de terre distribués aux fermiers, et les restrictions sur les voyages légèrement assouplies. Mais le successeur de Fidel Castro n'a pas fait souffler de vent de liberté sur Cuba. À peine représente-t-il un début d'espoir pour une population exténuée par l'impéritie de cinquante ans d'économie dirigée, et un étouffant climat de contrôle étatique ridicule, tatillon et permanent.

    «Ce qui a surtout changé à Cuba, ce sont les attentes de la population, qui sont plus élevées que jamais», dit Dagoberto Valdes Hernandez, fondateur et, pendant quatorze ans, rédacteur en chef de la revue catholique Vitral, jusqu'à ce qu'il soit évincé de son poste en 2007. «Mais ces attentes vont bien au-delà des réformes cosmétiques de Raul Castro, explique-t-il. Ces changements ont surtout montré au reste du monde l'absurdité des restrictions dont sont victimes les Cubains. Dans quel autre pays a-t-on besoin de l'autorisation de l'État pour s'acheter un cellulaire ou entrer dans un hôtel ?»

    Un régime sauvé par Hugo Chavez et son pétrole

    La retraite de Fidel Castro, après quelque cinquante ans de pouvoir sans partage, avait fait espérer l'arrivée aux affaires d'une nouvelle génération, plus pragmatique, moins obsédée par l'antiaméricanisme et par une révolution que la majorité des Cubains n'a même pas connue. Il a fallu vite déchanter.

    Raul Castro, le jeune frère de Fidel, longtemps ministre de la Défense et communiste bon teint, s'est entouré de ministres appartenant toujours à la génération des combattants de la Sierra Maestra, cette guérilla à la Tintin menée par Castro dans les montagnes du sud-est de l'île en 1957. Aujourd'hui tous septuagénaires, ces vieux révolutionnaires n'ont pas marqué jusqu'à présent leur intention de lâcher la moindre parcelle de pouvoir. Le premier vice-président de Raul Castro, José Machado Ventura, a 77 ans. José Ramon Fernandez, autre hiérarque, a 85 ans.

    Mais cette gérontocratie doit à tout prix relancer une économie sinistrée si elle veut conserver son pouvoir dans un pays où la moitié de la population a moins de 25 ans, et assez peu d'autres espoirs d'avenir que de risquer une traversée hasardeuse et clandestine vers les États-Unis.

    «Ironiquement, l'un des résultats de cinquante ans de castrisme a été de faire des États-Unis un rêve pour tous les Cubains», s'amuse Dagoberto.

    Après avoir miraculeusement survécu à la chute de l'Union soviétique, puis à une récession économique dramatique, l'un des derniers régimes communistes du globe a été sauvé économiquement ces dernières années par Hugo Chavez et ses dons de pétrole.

    «Raul Castro et ses ministres cherchent à gagner du temps, comme tous les vieillards», dit un intellectuel cubain. «Ils veulent faire évoluer petit à petit l'économie», dit un diplomate européen qui considère que «tout n'est pas à jeter dans le régime cubain». «Un peu comme en Turquie où l'armée veille dans l'ombre à la préservation de l'héritage d'Atatürk, l'armée cubaine et le parti veillent à celui de la révolution de Castro et au maintien de la souveraineté de l'île», dit-il.

    De grosses compagnies d'État, presque toutes contrôlées par les militaires, s'emploient a faire passer l'économie cubaine du marasme soviétique a des activités rentables.

    Voyager reste un parcours du combattant

    L'une des mannes de Cuba est le tourisme, source appréciable de devises. Le régime offre toutes les facilités aux visiteurs de ce petit paradis tropical, avec ses plages enchanteresses, ses vieilles voitures américaines rafistolées, son rhum et sa musique. Pour les touristes peu attentifs, le mythe cubain est intact. Des groupes en pantacourts déambulent dans les rues de la Vieille Havane ou sur le Malecon, le front de mer de la ville, boivent des mojitos dans les bars où Hemingway avait ses habitudes, coiffés de casquettes de guérilleros ou vêtus de tee-shirts ornés du visage de Che Guevara. Des policiers dans chaque rue évitent que des mendiants ou des pickpockets n'importunent les vacanciers.

    «Ce n'est qu'un décor, dit Dagoberto Hernandez. À Cuba, il n'est pas difficile de voir la misère qui se cache derrière. Un visiteur qui regarde un peu autour de lui verra tout de suite la réalité.» La réalité, ce sont les maisons qui tombent en ruine derrière les façades repeintes, la pauvreté qui saute aux yeux dès que l'on quitte les rues les plus touristiques. Il n'y a pas de livres dans les librairies, sauf des mémoires du Che ou des traités de marxisme. Pas de journaux, à part les organes officiels du régime, Granma, Trabajadores et Juventud Rebelde, plus intéressants pour leur humour orwellien et involontaire que pour les informations qu'ils donnent.

    «Il y a un grand besoin d'air à Cuba», expliquent Carmen et Rey, un couple de Cubains engagés dans un rare projet associatif non étatique d'aide à des enfants cancéreux. Ils décrivent le contrôle tatillon et obsédant des comités de défense de la Révolution, des responsables d'immeubles, de l'atmosphère de délation et de suspicion permanente, de vexations, qui rappellent de façon troublante les régimes socialistes de l'ancienne Europe de l'Est.

    «C'est un gâchis humain énorme. Rien n'existe en dehors de l'État, qui a le contrôle de tout et qui voit le monde en termes binaires : soit on est avec la Révolution, soit on est contre, il n'y a pas de place ailleurs», disent Carmen et Rey.

    Voyager reste un parcours du combattant. «Il faut obtenir une lettre d'invitation depuis un pays étranger, document qui coûte 140 dollars. Puis il faut se faire faire un passeport, pour 50 dollars. Et on attend ensuite sa carte blanche, qui permet de sortir du pays, et vaut 150 dollars», explique Carmen. Chacune de ces étapes demande patience et persévérance, en même temps que beaucoup d'argent. Et l'on n'est jamais sûr de l'obtenir.

    «Il y a maintenant trois scénarios, avance Dagoberto Hernandez. Soit Raul Castro lance de vraies réformes structurelles et le pays sort du marasme, mais demandera des changements. Soit il ne se décide pas, ou ne peut pas, et se contente de mesures cosmétiques. Dans ce cas-là, on entre dans le troisième scénario, celui d'une nord-coréanisation de Cuba. Ce serait le plus cruel pour le peuple cubain.»

    Pour le moment, les timides réformes de Raul Castro peinent à convaincre que le régime a changé. Malgré la libéralisation d'Internet, les étudiants de l'université de La Havane ont appris le mois dernier qu'on leur supprimait les 10 heures mensuelles de connexion qui leur étaient octroyées.

    Mais l'accès à Internet fonctionne très bien pour les services de sécurité du régime. Après quelques jours de reportage, des hommes en uniformes viennent frapper après minuit à la porte de votre chambre munis d'une convocation à la direction de la police des étrangers. Là, dans un petit bureau, un lieutenant-colonel pose des questions auxquelles il a déjà les réponses, dans le plus pur style des systèmes communistes : «Vous êtes journaliste ? Nous l'avons vu sur Internet ! Que faites-vous à Cuba ?» Du tourisme, bien sûr. Dans l'un des derniers régimes orwelliens du monde.

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